Par ma formation initiale à la restauration des ouvrages du seizième siècle, j’entretiens un rapport particulier, intime au livre.
Ainsi le mot, l’écriture et le dessin viennent cohabiter sur le papier.
Ce travail s’articule au quotidien de façon très rythmée en trois temps.
Premier temps
Le matin, je me lève et j’écris. Des mots entendus dans l’actualité. Je note quelques réflexions. J’écris dans la candeur du matin. J’organise les mots. Je joue.
Second temps
Je dessine. Dessin abstrait travaillé par couches successives. Couleurs primaires des encres et des pigments que j’épaissis. Je gratte, j’effleure, j’érafle, je picote, je trace, j’aligne.
Vient ensuite le temps décisif de la construction.
Je confronte dessin et écriture. Le mot force le chemin, impose sa destinée dans le dessin. J’organise les mots dans un ordre différent pour leur donner un sens nouveau.
Les mots apparaissent peu à peu en s’approchant du tableau.
Ce processus récurrent et quotidien est abordé inversement dans la série “Prendre dates“.
Le texte de Patrick Boucheron et de Mathieu Riboulet : Prendre dates (Verdier. 2015) m’intéresse parce qu’il nous dit de rester éveillé, réactif face à notre histoire contemporaine.
Je m’attache à déconstruire l'objet livre en révélant des détails jamais montrés et très subtilement travaillés dans la reconstruction. Chaque détail rejoue la construction du livre, en réinvente la forme.